Economies et sociétés oasiennes

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Responsable: Damien Agut-Labordère

 De l’époque Perse (VIe-IVe siècle avant notre ère) au début de la période romaine, le temple d’Amon d’Hibis fut le principal acteur institutionnel de l’économie de la Grande Oasis.

A El-Deir, il détenait à la fin de l’époque hellénistique et au début de l’époque romaine un ensemble de terres dont tout ou partie étaient louées à des tenanciers locaux. Plusieurs reçus délivrés par cette institution attestent que les locataires devaient s’acquitter d’une redevance en nature prélevée sur la récolte. Le versement pouvait être réalisé en blé dur (sw). Ce type de prélèvement correspondait explicitement à la « taxe shémou » (« sur la moisson ») exigée par les temples de la Vallée à leurs tenanciers. Les fermiers versaient aussi annuellement à l’institution religieuse une certaine quantité d’huile (d’origine indéterminée) destinée à alimenter la lampe qui brûlait devant la statue du dieu. Toutefois, il ne s’agit-là que d’un prétexte liturgique. En réalité, l’huile ainsi prélevée servait à rémunérer les prêtres et pouvait très certainement être commercialisée par le temple.

Comme à Ayn Manâwir à l’époque perse, les Oasiens d’El-Deir pratiquaient donc une agriculture mixte combinant céréaliculture destinée à la consommation locale et des productions destinées à être vendues à l’intérieur de la Grande Oasis mais aussi dans la Vallée. Parmi ces produits d’exportation le vin puis, plus avant dans la période romaine, les cotonnades tinrent une place importante.

Peu à peu, au fil des siècles qui séparent la fin de la période ptolémaïque et le IVème siècle de notre ère, les productions oasiennes semblent avoir gagné en raffinement et en complexité. L’étude du matériel des nécropoles témoigne, notamment, de l’enrichissement des populations. Prospère, la Grande Oasis devint une zone attractive. Il est très probable que cet essor s’accompagna d’une mutation très profonde des structures sociales et économiques locales ; les domaines agricoles détenus par des particuliers (comme celui dont le Kellis Agricultural Book atteste du fonctionnement à Dakhleh) semblent avoir pris le pas sur les temples dans la gestion de l’agriculture oasienne.

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